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Le travail de journaliste ? (2/4)
Le travail de journaliste ?
Avant, nous partagions nos idées, nos opinions avec quelques personnes, en famille, au travail... Maintenant, chacun peut s'exprimer sur internet et les réseaux sociaux, publier des photos, des articles, des témoignages avec sa vérité... même si ce sont des bêtises ou de fausses informations. Comme nous, les journalistes reçoivent des tonnes d'informations, mais leur rôle est de les trier, de les vérifier, de les organiser pour nous aider à les comprendre. Par leur travail d'enquête, leur visibilité, ils ont du pouvoir. Deux journalistes ont fait démissionner le Président américain Nixon en 1974. Mais être journaliste, c'est parfois mettre sa vie en danger.
D'où vient l'information ?
Guerres, incendies, nouvelles lois, grèves, rencontres sportives, conseils municipaux... il y a toujours des événements à raconter ! Pour être au courant, les journalistes ont des contacts (différents selon qu 'ils travaillent pour la presse nationale, régionale ou locale) avec :
- le porte-parole du gouvernement
- les services de presse des partis politiques, des entreprises, des associations...
- les policiers, les pompiers, la préfecture...
Ils se déplacent lors des matchs de foot, dans les manifestations...
Ils peuvent travailler avec des lanceurs d'alerte. Par exemple, le médecin Irène Frachon, avec l'aide des médias, a informé le public des dangers liés au médicament Mediator contre le diabète, fabriqué par le laboratoire Servier.
Les journalistes peuvent aussi avoir des sources secrètes, des personnes qui leur apportent des informations sur des actes graves, sur lesquels ils vont enquêter.
Une très grande partie des journalistes s'informent auprès des agences de presse.
Les agences de presse ?
Les médias ne peuvent pas avoir des journalistes dans le monde entier. Cela coûterait trop cher. Alors ils font appel aux agences de presse : Reuters, Associated Press, l'Agence France Presse (AFP)... Elles ont des réseaux de journalistes et des contacts dans tous les pays. Quand un événement arrive, elles envoient, aux médias abonnés, une dépêche, c'est-à-dire une présentation des faits qui répond à ces questions : Qui (a fait ou dit) ? Quoi ? Quand ? Où ? Comment ? et parfois Pourquoi ? Les médias peuvent juste republier ces informations ou les expliquer, les enrichir...
Le travail d'enquête
C'est un journalisme qui prend du temps ! En 2008, Florence Aubenas voulait montrer la réalité de la crise économique. Elle a travaillé 6 mois comme femme de ménage à Caen, sans dire qu'elle était journaliste. Elle voulait ressentir la vie très dure de ces salariés, pour la comprendre et l'expliquer.
Pour des médias comme le site d'informations Mediapart, le travail d'enquête est très important. Il permet d'alerter les citoyens sur ce que certains essaient de leur cacher. Par exemple, le site a enquêté sur les femmes victimes d'agressions sexuelles dans le monde du cinéma, sur le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy par le dictateur libyen Mouammar Kadhafi...
L'organisation de l'information
Quand les journalistes ont réuni les informations, ils doivent ensuite décider lesquelles sont plus ou moins importantes et comment les présenter. Par exemple, est-ce qu'il faut parler en priorité des casseurs dans les manifestations ou de ceux, beaucoup plus nombreux, qui se réunissent dans le calme ?
On dit que les journalistes « font l'agenda » : ils choisissent des sujets sur lesquels ils pensent que les citoyens doivent réfléchir, discuter, se faire une opinion. Ce sont parfois des sujets qui feront le débat public, qui seront repris par les politiques...
Un vrai pouvoir
En 1972, aux États-Unis, des voleurs sont arrêtés dans l'immeuble appelé Watergate. Ils étaient dans les bureaux du parti politique démocrate. Deux journalistes devinent que l'histoire est étrange. Ils enquêtent. Ils découvrent que les « voleurs » travaillaient pour le Président américain Richard Nixon. Ils étaient venus installer des micros dans le parti d'opposition pour écouter les conversations. Grâce à leur travail, les journalistes ont montré les actions malhonnêtes du Président. En 1974, il a dû démissionner.
Les politiques ont besoin des médias pour se faire connaître mais, à cause de ce pouvoir, ils s'en inquiètent aussi. Les deux ont parfois des relations compliquées. En 2018, le journal Le Monde a enquêté et découvert qu'Alexandre Benalla, qui a agressé 2 manifestants, était un proche d'Emmanuel Macron et travaillait pour lui. Le Président s'est défendu en accusant les journalistes de dire des bêtises, de ne pas rechercher toute la vérité...
Journalistes en danger
Selon Reporters sans frontières (RSF) qui réalise chaque année un classement mondial de la liberté de la presse, les États, les dirigeants, jouent de moins en moins leur rôle dans la protection des journalistes.
En Argentine, le Président Javier Milei a fait fermer la plus grande agence de presse du pays.
Au Vénézuela, le Président Nicolas Maduro, réélu le 28 juillet 2024, n'accepte aucune critique. Des dizaines de journalistes ont été licenciés, d'autres ont été arrêtés.
En Russie (162ème au classement), seuls les médias qui soutiennent le Président Poutine sont autorisés, les autres sont accusés de terrorisme, de mettre en danger la sécurité nationale.
La Chine (172ème) emprisonne le plus grand nombre de journalistes au monde. Le gouvernement envoie chaque jour aux médias une liste de sujets dont il est possible de parler et de ceux qui sont interdits. Le pays contrôle toutes les informations diffusées sur internet et les réseaux sociaux.
En Palestine, selon une enquête de Forbidden Stories, qui rassemble le travail de plusieurs médias internationaux, l'armée israélienne viserait les journalistes : en août 2024, 130 avaient été tués. Cela depuis les attaques du 7 octobre 2023. C'est, selon RSF, le pays le plus meurtrier pour les journalistes. Yahya Hassouna, de l'Agence France Presse, a échappé de peu à un bombardement contre un bâtiment qui a tué 3 journalistes. Il témoigne : « On sait que dans beaucoup de guerres la vie des journalistes est en danger mais, en général, ils savent où se placer et quoi filmer. Là, on a peur de mourir à chaque minute. »
Et la France ?
Elle est 21ème au classement mondial de la liberté de la presse. Une des inquiétudes de RSF est la protection des sources des journalistes. En septembre 2023, Ariane Lavrilleux, journaliste du média d'enquête Disclose, a été placée en garde à vue durant 39 h. Pendant qu'elle était interrogée, des policiers ont fait des recherches dans son logement, prenant les informations de son téléphone et de son ordinateur. Ariane Lavrilleux a réalisé plusieurs enquêtes sur la vente d'armes françaises à des pays qui les utilisent contre des civils, dont l'Égypte. Elle a obtenu des documents classés « secret défense ». Le ministère des Armées voulait savoir qui les lui a donnés. Cela a fait réagir de nombreux médias : Le Monde, France Télévisions, Médiapart... mais aussi RSF, la Fédération européenne des journalistes... Pour eux, c'est une grave attaque à la liberté de la presse. Ces dernières années, il y en a eu d'autres. En 2019, des policiers et des représentants de la justice se sont présentés à Mediapart, suite à la diffusion d'enregistrements sur Alexandre Benalla.
Ils voulaient entrer dans les bureaux pour rechercher des preuves mais les responsables ont refusé de les laisser faire. Le tribunal de Nanterre a condamné l'État...
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