L'info, c'est clair !
Regard sur le racisme
Questions 6 et 7 (4/5)
Écouter le texte lu par (version audio directement sur la vidéo)
Question 6 :
Dans une société où la majorité est blanche, elle est où la place des Noirs ?
(sur la vidéo, partie de 07:55 à 09:03)
Sharipha : C’est vrai, avant, quand j’étais petite, avec ma mère on allait dans les magasins acheter des trucs. J’étais avec elle et elle me demandait ce que je voulais. Je disais que je voulais une poupée, mais quand je regardais les poupées, elles étaient toutes blanches. Il n’y en avait pas une de noire ! Je me disais : « Mais, ce n’est pas possible ! ». Quand je regardais les poupées, elles étaient blondes avec des cheveux frisés, blondes aux yeux bleus… Je me suis dit : « Tant pis, je vais prendre celle-là… » Après ma mère me l’a achetée, quand je suis revenue à la maison, j’ai déballé le paquet. Je regardais cette poupée et je me disais : « Franchement, c’est bizarre quand même ! ».
Maintenant, ça a changé ! Bien sûr, je n’achète plus de poupées parce que je suis grande mais un jour j’ai voulu en acheter une, et j’ai vu qu’il y avait enfin des poupées noires. Maintenant on voit bien qu’il y a des choses qui évoluent, mais c’est
dommage que ça arrive si tard. Si j’avais eu des poupées noires quand j’étais petite ça aurait été bien. Bon, c’est venu tard, je n’ai pas pu en acheter pour moi, mais là maintenant c’est bien pour les autres, pour ceux qui suivent.
Question 7 :
Est-ce que vous avez déjà eu envie de changer de couleur de peau, de devenir blanche ?
(sur la vidéo, partie de 09:04 à 10:44)
Tesabih : Moi, je ne m’assume pas encore complètement. Je suis noire mais je ne dis pas que je suis noire. Pour mieux assumer, je dis que je suis arabe. Voilà, je dis « arabe », parce qu’ils ont la peau différente. Regarde, par exemple, toi tu as la peau plus foncée… Arabe, c’est un peu entre les deux, c’est la peau moins foncée, plus claire… Je n’assume pas encore, mais ça va venir… c’est la vie !
Madianaba : Mais maintenant tu en penses quoi ? Tu ressens quoi ?
Tesabih : Je te dis, ce n’est pas fini, ça dépend des moments.
Sharipha : Moi quand je me regarde dans le miroir, je comprends que je suis noire, c’est comme ça ! Je ne me dis pas : « Je suis sale, je suis ça… ». Alors, c’est vrai que quand j’étais petite, je voulais devenir blanche parce qu’on se moquait de moi. On me disait : « Tu es noire », on me critiquait. Et puis, en grandissant, je me suis dit : « Ouais, c’est bon, ça va ! ». Heureusement qu’il y a eu des gens noirs pour me dire : « Mais pourquoi tu veux devenir blanche ? C’est n’importe quoi ! ». On me l’a dit et répété, et voilà !
Madianaba : Moi, je vois que des Noirs se mettent des crèmes pour s’éclaircir la peau... je trouve que c’est dommage ! En réalité, c’est triste ! Je ne sais pas si c’est de leur faute ou celle de la société qui leur dit que ce n’est pas bien d’être noir, qu’il faut être blanc, qu’il faut avoir les cheveux lisses, qu’il ne faut pas faire de tresses. Maintenant, je vois beaucoup de blancs, d’asiatiques ou même des arabes qui, parce que ça fait moderne, se font des tresses comme les Noirs. Ça me surprend ! Je me dis : « Tiens, ils sont curieux, ils ont vu une autre culture, ils ont envie d’essayer. » Même des habits africains, ils s’habillent avec, ils aiment bien ça ! Je trouve que c’est pas mal. Pour la génération de mes parents c’était différent, mais moi je n’ai pas vécu la même chose, la même souffrance qu’eux. Je suis fière d’être noire. Je me regarde dans la glace et je me dis : « Tu es une belle noire ! ».
Autres chapitres de ce sujet