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Garçons, filles et aussi...
Le genre, un problème ? (2/4)
Le genre, un problème ?
L'autrice Simone de Beauvoir disait : « On ne naît pas femme, on le devient ». Cette phrase est devenue célèbre, mais que dit-elle ? Est-ce pareil pour les hommes ?
Rose ou bleu ?
Les petites filles ne naissent pas en aimant le rose et les garçons le bleu. Selon l'historien Michel Pastoureau, avant, le bleu était la couleur des filles, celle de la Vierge Marie. Le rose, vu comme un rouge clair symbole de force, était pour les garçons. Mais aujourd'hui, en France et dans d'autre pays, peu de bébés garçons sont habillés de rose ! C'est un choix culturel.
À chacun ses jouets !
Dans les magasins, les jouets des filles et ceux des garçons sont le plus souvent séparés. Pour les garçons, il peut être difficile de jouer avec une dînette ou une poussette rose... Et les filles reçoivent peu de tracteurs en cadeau. Est-ce que c'est dans le cerveau des filles de préférer les poupées et dans celui des garçons d'aimer les voitures ? Non, cela s'apprend, dès tout petit.
Maintenant, en Espagne, faire de la publicité pour des jouets selon le genre est interdit.
Mais, pour les magasins, la couleur a un intérêt : les parents achèteront un vélo rose pour leur fille et un deuxième bleu pour le petit frère quand il grandira.
Des différences dans les livres
Dans les livres pour enfants, filles et garçons n'ont ni la même place, ni les mêmes rôles. Dans les années 2010, il y avait les collections P'tites filles : « Chloé joue à faire le ménage », « Ninon joue à la secrétaire » et dans P'tits garçons : « La moto de Marco », « La Formule 1 de Gabin ». Longtemps, les personnages féminins avaient seulement des rôles de mères, de grand-mères. Mais cela évolue. Il y a moins de princesses fragiles qui attendent patiemment à leur fenêtre qu'un prince vienne les sauver et les épouser. Certaines tuent les dragons. Par contre, il existe toujours peu d'histoires de princes sensibles ou de papas à la maison.
Dans les livres scolaires aussi, les différences sont grandes ! Selon une étude du centre Hubertine-Auclert, dans les livres de français, 93,9 % des noms d'auteurs étaient masculins. Les femmes étaient surtout présentées comme les épouses de poètes, de scientifiques... et leurs compétences professionnelles sont effacées. Difficile pour les élèves filles d'avoir des modèles d'écrivaines, de mathématiciennes, de scientifiques, d'héroïnes historiques... et pourtant elles existent !
Et les activités ?
En France, le football est un sport de garçons. Aux États-Unis, c'est un sport de filles, les garçons préférant le football américain. Même si la danse est un sport très physique, il faut parfois du courage aux garçons pour choisir cette activité. Là encore, c'est culturel !
On ne bouge pas pareil
Même les corps bougent, marchent, s’assoient différemment. Dans les bus, les métros, les hommes sont plus souvent assis, jambes écartées, prenant toute la place. Toutes petites, les femmes apprennent à « bien se tenir », s'asseoir jambes serrées, prendre le moins de place possible. Pendant longtemps, elles ne devaient pas courir, sauter, mais réaliser des activités calmes...
Qu'attend-on des femmes ?
Les enfants grandissent avec ces modèles. Sans même y réfléchir, les filles sont éduquées pour être plus douces, sages, calmes, patientes, obéissantes.... que les garçons. Elles sont préparées à être responsables des enfants, de la maison... Elles sont orientées vers des métiers où il faut s'occuper des autres (enfants, personnes âgées...), les soigner. Elles sont enseignantes, assistantes sociales... On pense que, pour elles, c'est naturel !
Qu'attend-on des hommes ?
À l'inverse, les garçons ne doivent pas exprimer leurs émotions, être sensibles, avoir peur... Ils doivent être forts, savoir prendre des décisions. Ils sont orientés vers des métiers physiques, manuels, vers les sciences, les mathématiques, l'informatique ou des professions à responsabilités (politiques, chefs d'entreprises...).
Et alors ?
Est-ce un problème ? Oui, car notre société crée des inégalités. Déclarer que c'est naturel pour les femmes de s'occuper des autres, cela permet de moins les payer, de ne pas valoriser ce qu'elles font à la maison...
Comme le racisme, dont l'idée fausse est que la nature aurait créé les Blancs supérieurs aux Noirs, le sexisme dit que c'est la nature qui aurait décidé que les hommes ont le pouvoir sur les femmes. Christine Détrez, dans son livre « Quel genre ? », s'amuse en reprenant les paroles d'une chanson d'Anne Sylvestre à imaginer une société où les grands rangeraient les étagères du haut, les moyens celles du milieu et les petits celles du bas. Les chauves feraient la cuisine car ils ne mettraient pas de cheveux dans les plats, les plus ronds s'occuperaient des bébés car ils sont plus doux pour les câlins. En faisant sourire, l'idée est de montrer que la société pourrait s'organiser autrement que sur les différences de sexe.
Un progrès pour tous
Même si la situation des hommes semble parfois plus facile, cela peut être positif pour tous de penser la société différemment. Certains se sentent obligés de gagner un meilleur salaire que leur femme. D'autres souffrent de ne pas voir leurs enfants grandir.
La sécurité routière rappelle que les hommes sont beaucoup plus nombreux à mourir sur la route. 78 % des personnes tuées sont des hommes et même 88 % pour les jeunes. Pourquoi ? Ils se sentent forts au volant : « Je vais peut-être vite, mais je contrôle », « Il m'énerve à vouloir me doubler, je ne le laisserai pas faire,» , « Je peux boire, ça ne change rien à ma conduite ». En janvier 2023, dans une vidéo de prévention, la sécurité routière montre un père à la maternité qui dit à son bébé : « Vois la vie comme tu veux, t'as pas à suivre ce que les gens attendent d'un homme. Tu peux être un homme sensible, un homme qui pleure, un homme qui sait avoir du cœur. Peins-toi les ongles, dessine-toi le corps, qu'importe, moi je t'aime si fort. » La vidéo se termine par ce message : « Soyez l'homme que vous voulez être, mais soyez un homme vivant. »
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