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Harcelés de l'école jusqu'à la chambre
L'obligation d'être "normal" (2/4)
L'obligation d'être "normal"
Le harcèlement est différent selon les âges, le sexe... Le plus souvent, il est lié à l'importance pour les jeunes de faire partie d'un groupe, d'être comme tout le monde et à la difficulté d'accepter la différence.
Il est un rappel de nos problèmes de société : la valorisation de la force, le racisme, l'homophobie, le sexisme, la grossophobie (rejet, discrimination des personnes vues comme grosses...).
Surtout en fin de primaire et au collège
Selon l’Éducation nationale, 12 % des élèves de primaire seraient touchés par le harcèlement, 10 % des collégiens, et 3,4 % des lycéens.
Faire partie d’un groupe
Margot Déage, sociologue, s'est intéressée aux relations des élèves dans 4 collèges d'Île-de-France. Quand ils deviennent collégiens, les jeunes cherchent à faire partie d'un groupe. Ils sont jugés par les autres sur leur physique, leurs vêtements, ce qu'ils font... Les élèves, sans même y réfléchir, ont des « normes » : ce sont des façons d'être qui selon eux sont « normales », des règles que le groupe doit suivre. Il faut être dans la « norme » sans que la « norme » soit vraiment expliquée...
La norme pour les garçons
Margot Déage a observé que, pour être « populaires », c'est-à-dire célèbres et entourés…, les garçons doivent être forts, s'intéresser aux filles (montrer qu'ils ne sont pas homosexuels)... Ils doivent parfois désobéir aux adultes, ne pas avoir de trop bons résultats scolaires, sinon ce sont des « intellos » et c'est négatif. Si on se moque d'eux, ils doivent cacher leurs émotions, rire avec les autres, faire semblant que rien n'est vraiment sérieux ou grave... Pour se faire respecter, ils ne doivent pas être trop sensibles, trop « féminins », sinon ce sont des « pédés ».
La norme pour les filles
Pour les filles, les difficultés arrivent plus souvent à la puberté, quand leur corps change. Leur façon de s'habiller est surveillée, leurs relations... Si elles semblent trop libres, qu'elles portent des vêtements trop différents des autres... cela peut être mal vu. Elles sont plus facilement agressées sur leur physique (trop grosses, trop de poils...), leur sexualité. Si elles ont des relations avec des garçons, ce sont des « putes », des « salopes ». Elles doivent plaire, mais pas trop, ne pas dire « oui » trop vite aux garçons... Des filles, jalouses, peuvent lancer des rumeurs pour éliminer celle qui est trop belle, trop intelligente, trop gentille...
Le rejet, l’isolement
Ne pas être dans la « norme », être différent, c'est risquer d'être rejeté, isolé. Il y a toujours des jeunes ou des groupes d'amis qui sont « exclus ». Ils mangent seuls, ne sont jamais choisis pour les travaux de groupe, les équipes sportives... Les autres font comme s'ils n'existaient pas.
Cela peut être très violent car, souvent, les élèves exclus ne savent pas pourquoi. Ils n'ont rien fait pour cela. Ils ont le sentiment de ne pas avoir le droit d'être eux-mêmes.
L’exclu peut devenir violent
Des jeunes exclus peuvent alors devenir agressifs. Eric Verdier, psychologue, explique que cela arrive souvent. Un jeune lui a ainsi raconté : « Au début, j'ai été rejeté pour ce que j'étais et je n'ai pas compris pourquoi. Alors, j'ai tout fait pour qu'on me déteste. Maintenant, aucun adulte, aucun jeune ne peut me supporter. Ils disent que c'est ma faute, eh bien je souffre moins parce que je sais pourquoi, je contrôle ». Dans ce cas, les élèves exclus s'attaquent à tout le monde. Ils peuvent être punis, alors qu'au départ ils étaient des victimes. Le harceleur, lui, s'attaque à une victime.
Harcelé par rejet de la différence
Le harceleur repère la différence. Souvent, il ne supporte pas que quelqu'un soit sensible, gentil, intelligent, beau, timide, avec un handicap, riche ou pauvre... Il exagère la différence, la fragilité, et recherche un public pour en rire. Il unit le groupe autour de lui contre la victime. Cela lui donne le sentiment d'être fort, de gagner en popularité. Il obtient des likes sur internet pour ses méchancetés... Dans notre société, être dominant (avoir du pouvoir sur les autres) est valorisé.
Être soi devient un problème
Les victimes ont le sentiment que le simple fait d'exister dérange le harceleur. Elles ont des difficultés à en parler parce qu'elles ont honte, elles se sentent coupables. Elles ne font pas toujours confiance aux adultes pour trouver des solutions, ont peur que cela aggrave les problèmes, les violences, d’être vues comme des « balances » (ceux qui rapportent les problèmes aux adultes). Parfois, elles voudraient se cacher, disparaître. 1 victime sur 4 a des pensées suicidaires.
Le jeune est obligé de suivre une norme pour tenter d'être accepté, et très souvent ça ne marche pas parce que c'est à la norme de changer. Ce n'est pas à la personne de devenir ce qu'elle n'est pas.
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