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Noirs, le poids de l'Histoire
Des (petites) blessures qui se répètent... (2/4)
Des (petites) blessures qui se répètent...
Parfois sans le vouloir, sans penser qu'ils vont blesser, les Blancs peuvent avoir des mots et des comportements qui font mal...
Voici quelques exemples, qui rappellent chaque jour aux Noirs leur couleur de peau :
Le regard sur la couleur noire
Dans le documentaire « Ouvrir la voix », la réalisatrice Amandine Gay donne la parole à des femmes noires... Elles se souviennent que, quand elles étaient petites, des phrases leur ont fait comprendre que le fait d'être noire pouvait être vu négativement :
- « J'avais 3 ans, une petite fille m'a dit : "Je ne jouerai pas avec toi parce que t'es noire" ».
- « Je tenais la main à mon père dans la rue, et une petite fille de mon âge a dit : "Regarde maman, elle est noire, elle est moche parce qu'elle est noire" ».
- « Pendant longtemps quand je regardais les infos et qu'on me parlait d'un crime ou d'un attentat, je priais pour que ce ne soit pas un Noir. Je me disais que, s'il y avait un problème avec un Noir, on allait penser que tous les Noirs étaient comme ça et donc moi aussi. »
Tu parles bien !
Hawa, 39 ans, raconte qu'un jour, en Bretagne, un homme lui a dit : « Oh ! c'est bien, vous n'avez pas d'accent africain ! » Il pensait être gentil.
Hawa a grandi en France, pourquoi aurait-elle un accent africain ? Et puis quel accent ? Celui du Sénégal ? De Guinée ? Du Mali ?
Ce serait comme si un Noir disait à un Blanc : « Oh ! mais c'est bien, vous n'avez pas d'accent européen ».
L'impression d'être un petit chien !
« Oh ! c'est marrant, on dirait du coton », a dit une femme en touchant les cheveux d'Hawa.
Beaucoup de femmes noires racontent que des personnes leur touchent les cheveux, sans leur autorisation... Elles ont l'impression d'être une enfant, un petit chien qu'on caresse... Les cheveux, c'est personnel, intime.
Pas assez sauvage
Constant a rencontré une femme blanche sur internet. Elle s'est dite déçue, car il n'était « pas assez sauvage ». Il explique : « Moi, j'ai grandi à Paris. Elle s'attendait à quoi ? Ces idées fausses sur les Noirs, c'est tous les jours ! ».
Des femmes noires témoignent aussi que des Blancs veulent avoir des relations sexuelles avec elles parce qu'elles seraient sexy, sensuelles, des panthères...
Elles ont le sentiment de ne pas être choisies pour leur personne, leur caractère, mais parce qu'elles sont Noires et qu'il faut les « essayer ».
T'es la femme de ménage ? Il est où le prof ?
Djamila Ribeiro, philosophe, explique qu'on lui a demandé plusieurs fois si elle était cuisinière ou femme de ménage. Même quand elle va dans de grands hôtels, on lui demande si elle est prostituée.
Guy, professeur de sciences, raconte qu'un jour il faisait cours à des élèves de terminale. Une responsable du lycée est entrée dans la classe alors qu'il écrivait au tableau et a demandé : « Le prof n'est pas là ? » Elle n'imaginait pas que le professeur puisse être noir. Il n'a pas eu l'énergie de lui dire que sa phrase était blessante.
Hawa, Guy, Constant... disent que « le pire c'est qu'on s'y habitue »... Ils n'ont pas toujours envie d'expliquer que tous ces petits gestes, ces petites phrases, les blessent. Ils ne veulent pas être vus comme des victimes : « Au final, vous baissez les bras, vous l'acceptez pour être en paix ».
Ils ont le sentiment de toujours devoir faire attention à ce qu'ils disent, à leurs vêtements, à leur coiffure, à leur accent... pour ne pas être embêtés. C'est fatigant et cela n'aide pas à avoir confiance en soi, à se construire avec une image positive.
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