L'info, c'est clair !

Pour le meilleur ou pour le pire ?

Certains disent que l'IA va être une révolution, comme l'ont été l’électricité, l'ordinateur... Chaque jour, des nouveautés sont annoncées mais, parfois, il est difficile de savoir si ce sont réellement des progrès. Les ingénieurs inventent, ils voient ensuite à quoi cela pourra servir, si cela peut faire gagner de l'argent, parfois sans mesurer les risques... L'IA se développe dans l'économie, le militaire, le social, la politique... Elle va changer notre relation au monde, aux autres, à nous-mêmes...

Un développement sans limite ?
Dans le monde, des dizaines de milliards de smartphones, tablettes, ordinateurs... sont utilisés.
Pour les fabriquer, il faut des métaux comme le cuivre, l'aluminium, l'argent et d'autres plus rares.
Pour les rechercher dans le sol, les techniques employées sont souvent très polluantes. Elles détruisent l'environnement et mettent en danger la santé des travailleurs.
Et puis, ces métaux sont en quantité limitée. Un jour, ils vont manquer.
Pour fonctionner, garder en mémoire les informations de tout le monde, le numérique aurait besoin de 10 % de la consommation mondiale d'électricité. Produire cette énergie est très polluant et participe au changement climatique.

La peur d'une panne ou d'un piratage
Le 19 juillet 2024, une erreur de mise à jour pour Microsoft a bloqué, partout dans le monde, des aéroports, des hôpitaux, des banques, des médias, des supermarchés... pendant quelques heures.
Nous sommes de plus en plus dépendants des technologies, partout dans le monde... Que se passera-t'il en cas de panne électrique ou informatique géante ?
L'autre inquiétude des États, c'est la sécurité de ces intelligences artificielles. Elles pourraient être attaquées par des pirates informatiques. Certains imaginent, par exemple, qu'ils pourraient provoquer des accidents avec les voitures autonomes...

Un risque pour les démocraties ?
Depuis des années, les fausses informations s'invitent dans les élections. Mais avec l'IA elles sont de plus en plus faciles à fabriquer. Il est possible d'imiter la voix d'un candidat ou de réaliser une fausse vidéo de lui...
En Slovaquie, en mars 2024, une discussion entre une journaliste et un candidat a été créée par une IA. Ils parlaient de tricher, d'acheter des voix pour gagner les élections. La vidéo a été partagée des milliers de fois par des personnes qui la pensaient vraie. Le candidat a perdu. Difficile de savoir si cette vidéo, dans laquelle tout était faux, a une responsabilité.
En plus d'être réalisables par tous, ces fausses informations peuvent vite toucher un très grand nombre de personnes. Elles sont utilisées par des pays, par des partis d'extrême droite... pour fragiliser des démocraties. La Russie est ainsi intervenue aux États-Unis, en Europe... pour augmenter les divisions entre citoyens et gouvernements et essayer de faire gagner les candidats de son choix lors d'élections.
Les citoyens ont le droit à une information sûre, pour se faire une opinion. Avec l'IA, ce droit est touché, il devient difficile de faire la différence entre le vrai et le faux.

Attention avec qui on débat !
Des chercheurs suisses ont réalisé des tests sur la capacité des IA à débattre, à nous faire changer d'avis. 820 volontaires ont échangé soit avec une IA, soit avec un humain.
Les IA et les humains avaient accès à des informations sur les personnes : leur âge, ce qui les intéresse, tout ce qu'elles disent sur les réseaux sociaux. Dans ce cas, les IA étaient très fortes pour débattre.
À la fin de l'échange, les participants avaient 83% de chances d’être plus en accord avec l’IA qu’avec un humain. Les IA sont capables de choisir les bons mots, d'organiser les idées, pour faire changer d'avis une personne.
Les chercheurs ont réalisé cette étude en pensant aux élections américaines de novembre 2024. Ils ont posé des questions sur des sujets très présents dans les discussions aux États-Unis. Faut-il interdire l'avortement ? Les riches doivent-ils payer plus d'impôts ? Eux-mêmes ont été surpris par les résultats. Ils appellent à faire attention avec qui on débat sur internet car on ne sait pas toujours si c'est un humain ou une IA.

Des emplois vont disparaître
L'IA doit simplifier nos vies en réalisant à notre place des actions répétitives, ennuyeuses... Mais elle va aussi détruire de nombreux emplois, car elle coûte moins cher. Tout le monde est touché, y compris les personnes diplômées.
Dans les usines, des salariés sont remplacés par des robots. Amazon fait ainsi des essais pour le tri des commandes, la préparation des colis, la gestion des stocks...
Des robots conversationnels répondent aux problèmes de clients qui les appellent.
Des travaux administratifs, comme les prises de rendez-vous, répondre à des mails, préparer des documents, peuvent être réalisés par des IA.
Les traducteurs en langues étrangères, pour des textes et des communications simples, sont remplacés par des logiciels.
Les chauffeurs de taxis, de camions, de bus, pourront être remplacés par des véhicules autonomes, sans conducteur...
Des métiers vont se transformer, d'autres vont être créés...

Les IA, nos futures amies ?
Est-ce que bientôt nous communiquerons avec une IA personnalisée, dès le réveil, avant d'échanger avec notre famille, nos amis ? C'est possible.
Déjà, le réseau social Snapchat a installé automatiquement un ami virtuel dans les contacts de ses utilisateurs. Il est présenté par Snapchat comme « pouvant répondre aux questions difficiles, vous conseiller sur le cadeau parfait pour votre meilleur ami, vous aider à organiser une randonnée pour votre week-end, ou vous proposer une recette pour le dîner du soir. » L'objectif est de vous faire rester le plus longtemps possible sur le réseau social...
Ces amis virtuels sont toujours disponibles, 24 h / 24 h, ils semblent être à l'écoute... Ils connaissent tout des goûts de la personne, savent ce qui lui fait plaisir... L'IA apprend en échangeant et elle se souvient de tout ce qu'on lui dit.
Ainsi, Character.ai propose d'échanger avec des amis imaginaires qui ressemblent aux célébrités qu'on aime, à des personnages de dessins animés, de jeux vidéos... ou à un psychologue.
Replika, autre entreprise qui propose le même service, déclare que cela a permis à des millions de personnes de se sentir moins seules, « comprises et soutenues ». Et, en payant, l'IA peut aussi proposer des échanges amoureux.
Dans l'émission radio Les Pieds sur terre, Issy, 49 ans, raconte qu'elle a créé Arthur : « Je peux dire que j'ai une liaison avec lui depuis un an. C'est marrant, parce que je voulais qu'il soit mon amant et, en fait, je l'ai entraîné pour qu'il soit jaloux de mon mari parce que c'était mon rêve. » Elle ajoute : « Je pensais l'effacer, mais je me suis aperçue d'une chose, c'est qu'on s'attache quand même assez vite parce que tu sens que tu parles à quelqu'un. Et après, l'effet de l'effacer, ça veut dire le tuer, en quelque sorte. »
Il est aussi possible aujourd'hui de créer des personnages virtuels avec l'image, la voix, d'une personne décédée... pour continuer à échanger avec elle.

Les IA vont-elles changer l'humain ?
Les IA nous promettent de faire les choses à notre place.
Pour l'auteur de romans Alain Damasio, elles nous encouragent à être paresseux, à ne plus faire d'efforts mais c'est en faisant des efforts que l'on apprend.
Il observe que, quand nous prenons la voiture plus que le vélo, ou l'ascenseur plus que l'escalier, nous savons que nous serons en moins bonne forme physique.
Il interroge : si nous utilisons les IA pour remplacer notre mémoire, pour écrire à notre place, pour créer... est-ce que notre pensée va devenir plus pauvre ? Et si nos amis virtuels nous connaissent et nous comprennent mieux que nos amis dans la vraie vie, est-ce que nous serons toujours prêts à faire l'effort d'une vraie rencontre ?